CONTEXTE
Troy Davis était un afro-américain, condamné à mort aux Etats-Unis, pour le meurtre d’un officier de police à Savannah, Georgie, le 19 août 1989, malgré ses dénégations constantes et un procès bâclé.
La mobilisation, menée depuis le début par sa sœur Martina Correia, puis appuyée de manière décisive par Amnesty International à partir de 2006, a permis de montrer que la justice avait très vraisemblablement condamné un innocent à la mort.
Mon rôle
J’ai coordonné la mobilisation en France (principal pays mobilisé avec les Etats-Unis) et auprès des institutions européennes, et fait l’interface avec la coordination de campagne globale basée aux Etats-Unis, et comprenant notamment Amnesty International Etats-Unis, l’American Civil Liberties Union – ACLU, et la National Association for the Advancement of Colored People – NAACP.
Principales réalisations :
Les autorités de l’Etat de Georgie (Etats-Unis) ont, à quatre reprises, fixé une date d’exécution, dans des délais extrêmement brefs (annonce seulement quelques jours ou semaines avant la date effective), qui ont nécessité à chaque fois des mobilisations collectives de grande ampleur dans des temps très courts. Dans ce cadre, j’ai:
– impulsé l’organisation de dizaines de rassemblements en France, l’envoi de dizaines de milliers de courriers aux cibles américaines en quelques jours, et constitué et activé un réseau de soutien institutionnel.
Organisé, début 2008, une tournée de plaidoyer en présence de sa sœur, Martina Correia, en France et auprès des institutions européennes (parlement européen ; commission européenne) et constitution d’un réseau de soutien religieux, diplomatique, juridique, politique réactif et dans la durée;
Assisté au procès historique de Troy Davis pour amplifier la médiatisation au niveau américain, français et international, et l’ai visité dans le couloir de la mort, pour lui témoigner la solidarité de centaines de milliers de personnes mobilisées pour lui en France.
Principaux résultats / Impacts
La tournée de plaidoyer a permis l’obtention du soutien actif, constant, et public d’un réseau de soutien institutionnel puissant comprenant notamment : la diplomatie française ; le parlement européen ; la commission européenne ; la Mairie de Paris ; des représentants français du culte protestant et catholique ; des barreaux d’avocats partout en France ; l’ancien Ministre de la Justice et figure mondiale de l’abolition, Robert Badinter…
Pour la première fois dans l’histoire des relations diplomatiques Etats-Unis/Europe, l’Union européenne a exigé, et obtenu qu’un cas de condamné à mort soit discuté lors des dialogues UE/ Etats-Unis ; cette volonté de la partie européenne d’inscrire le cas de Troy Davis dans l’agenda de discussions bilatérales officielles a conduit au report de plusieurs « dialogues », la diplomatie américaine refusant cette décision, avant de devoir finalement l’accepter.
A trois reprises, l‘exécution de Troy Davis a été empêchée in extremis et un nouveau procès a été ordonné par la Cour suprême des Etats-Unis. Malheureusement, cela n’a pas suffi à sauver Troy Davis de l’exécution, le 21 septembre 2011. La pression internationale a, d’après tous les acteurs, joué un rôle déterminant. Troy Davis a confié à tous ses amis et proches à quel point, malgré la torture psychologique qui lui avait été infligée, le soutien massif dont il a été le centre, a transformé sa perception de lui-même et de son rôle : depuis le couloir de la mort, il est devenu ce qu’il voulait : une personne écoutée dans le combat universel contre la peine de mort ; un mentor pour son neveu ; un ami pour ses proches ; un grand frère pour sa petite sœur, Martina Correia, figure centrale de la mobilisation.
En France, aucun cas de condamné à mort n’avait fait l’objet d’une telle couverture médiatique depuis l’abolition en 1981 : le cas de Troy Davis a permis de sensibiliser des millions de personnes, aux Etats-Unis et en France, à la cruauté de ce châtiment et à la nécessité d’y mettre fin.
Les médias américains ont mis en avant l’image écornée des Etats-Unis à l’international. Le soutien à la peine de mort aux Etats-Unis a baissé de 10 % dans les sondages au lendemain de son exécution. Pour les abolitionnistes américains, la campagne internationale pour Troy Davis a marqué un tournant historique et contribué au recul de la pratique de la peine de mort dans le pays observé jusqu’à aujourd’hui.