Ce site n’aurait pu voir le jour sans:
- les retours d’ami.e.s sur mes documents de proposition de service me disant sans cesse : c’est trop dense, aère, fais un site ! Ils et elles se reconnaîtront !
- le talent et la générosité de mon ex-collègue et ami, webdesigner et spécialiste en stratégies de communication numérique, Arnaud Fonquerne,
- les photographes professionnels, Benjamin Girette, Pierre-Yves Brunaud, Cyril Marcilhacy, Marion Dupuis, Pierre Bouvier qui ont accepté de me céder gracieusement des photos d’actions menées, et qui permettent de rendre tellement plus agréables visuellement la lecture de ces pages ! La plupart sont devenus des compagnons de route, souvent levés aux aurores avec nous lors de nos actions coup de poing devant tant d’ambassades et ministères parisiens, ou couchés tard après des évènements nocturnes ! Merci à vous!
Plus largement, ce site est le fruit des liens qui ont construit mon parcours de vie, personnel, militant et professionnel pour les droits. Il est lui-même l’enfant de rencontres inspirantes, qui, des communautés mayas ixiles du Guatemala, aux églises afro-américaines de Savannah, Géorgie, Etats-Unis, de Dakar, Budapest à Beyrouth, en passant par les marches des tribunaux de Paris, Créteil, Riom, Calais… ont nourri ma réflexion et mon engagement.
Les personnes qui l’ont rendu possible se comptent par centaines, au fil de ces plus de deux décennies d’engagements pour les droits. Celles-ci, si elles tombent sur ces pages, se reconnaîtront, et c’est l’essentiel, et sauront ce que je leur dois, un peu, beaucoup, passionnément.
Mais parce que certaines demeurent, malgré le temps qui passe, ces bougies sans cesse allumées, même dans les temps obscurs que nous traversons, je souhaite ici en mettre quelques-unes en avant.
Francisco, Magdalena Caba Bop, leurs 9 enfants, leurs dizaines de petits-enfants, et toute la communauté survivante du massacre d’Ilom, qui m’ont si bien accueilli dans leur village en 2001, Ilom, dans l’histoire du Guatemala fut le dernier bastion de la résistance maya à la conquête espagnole qui marqua le point de départ du colonialisme européen naissant. Survivants du massacre de leur communauté le 23 mars 1982, reconnu comme un acte de génocide par la Commission d’Eclaircissement Historique (CEH) de l’ONU, ils furent ma première véritable rencontre avec cette communauté humaine sans frontières que l’on appelle les défenseurs des droits humains.
Eux pourtant ne se reconnaissent pas dans ce vocable onusien. Ils se reconnaissent comme Humains. Armés de leur seule dignité, résilience, courage et humilité; animés d’une seule exigence : rendre justice à leurs morts en inscrivant leurs noms dans la mémoire collective du monde ; pendant trente ans, ils ont affronté, avec d’autres survivants du génocide, les menaces de mort et l’impunité des puissants, et ont fini par en triompher. En 2013, le général Efrain Rios Montt a été reconnu coupable de génocide et crimes contre l’humanité par la justice du Guatemala, un jalon important dans l’histoire de la justice pénale internationale.
Plus de 500 ans après la lutte mythique d’Ilom contre les conquistadors espagnols (lutte narrée dans Hommes de Maïs, de Miguel Angel Asturias), la famille Caba Bop et tant d’autres sont les symboles vivants de cette résistance en actes sans cesse renouvelée et perpétuée jusqu’à aujourd’hui.
Martina Correia, sœur du condamné à mort Troy Davis, et immense figure de l’abolition universelle de la peine de mort, les rejoint dix ans après dans mon Panthéon personnel. De 1995, date de la condamnation à mort de son frère, au 21 septembre 2011, date de son exécution, elle a littéralement renversé des montagnes, et inspiré par son courage toutes celles et ceux qui l’ont côtoyée. Entre 2007 et la fin 2011, lors de semaines passées ensemble à Savannah et Paris, puis lors des dizaines d’heures d’échanges téléphoniques à construire des stratégies transatlantiques pour empêcher l’exécution de son frère, elle m’a ouvert à l’histoire des luttes afro-américaines en train de se faire, que j’ai eu la chance de poursuivre aux côtés de Robert King, Herman Wallace et Albert Woodfox, les Trois de la prison d’Angola. A Martina, Herman, et Albert, Rest in power!
En transformant l’indignation en immense puissance collective de mobilisation mondiale, Martina n’a pu empêcher l’exécution de son frère. Mais elle l’a rendu vivant jusqu’à aujourd’hui dans le cœur de toutes celles et ceux qui se sont battus contre cette injustice flagrante, comme il en existe chaque jour des centaines d’autres. Troy, son grand frère tant aimé, malgré le traumatisme des exécutions évitées in extremis, a pu devenir ce qu’il voulait être dans ces circonstances dramatiques : le porte-voix de tant d’autres pensionnaires des couloirs de la mort. Martina s’est éteinte le 1er décembre 2011, ne survivant à Troy que de quelques semaines, alors qu’elle luttait contre un cancer depuis des années. Elle avait rempli la mission qu’elle s’était donnée, et qui lui avait permis de survivre toutes ces années. Son combat et son œuvre continuent à travers tous ses héritiers.
Enfin, comment ne pas terminer par Olga Kokorina, infatigable militante pour les droits en Russie, aux multiples facettes et talents, créatrice de passerelles unique en son genre entre les gens, les initiatives, les idées ! Compagne de mon quotidien, elle est mon moteur, celle qui partage mes doutes, certitudes, indignations, enthousiasmes, combats, passions… toujours là, pour me permettre, à défaut de penser toujours juste, d’agir autant que possible avec sincérité.
Nous nous sommes rencontrés en portant des cartons pour installer un stand lors d’une soirée d’hommage à Anna Politkovskaïa, un 6 octobre 2012, à la Mairie de Montreuil : elle est depuis mon miroir agissant.
Je ne peux terminer sans un mot pour mes enfants, Sacha et Mona, auxquels j’essaie de transmettre le respect de soi et de l’autre, l’amour des luttes collectives et le courage de ne jamais se résigner. Comme ils sont sympas, ils m’écoutent encore tout en me ramenant toujours gentiment aux plaisirs et réalités de la vie, et en m’incitant à ne pas me prendre trop au sérieux.